Inspirations

Jules Dalou (1838-1902)

Bouchard a très probablement découvert l’œuvre de Dalou dès 1902, alors qu’il séjourne à Rome. Les articles que Paul Vitry consacre à Dalou dans Art et Décoration ont sans doute circulé jusqu’à la Villa Médicis, d’autant plus que plusieurs illustrations issues de ces publications se retrouvent dans le carnet de croquis n° 19 de Bouchard (p. 34-35). On peut ainsi établir un lien entre l’arrangement aligné des figures masculines, chacune tenant son outil de travail, et l’influence directe de Dalou.

Comme ce dernier, Bouchard accorde une attention particulière aux attitudes caractéristiques de ses figures : il les observe, les étudie et leur confère une expression à la fois forte et réaliste, cherchant à individualiser chaque personnage au sein d’un ensemble collectif.

Cependant, au-delà de ces affinités formelles, les preuves d’une véritable filiation artistique avec Dalou restent limitées. L’influence la plus profonde et la plus durable chez Bouchard semble plutôt venir de Millet et de Meunier, dont il admire la sincérité et la capacité à exprimer la dignité du travail à travers la représentation du monde ouvrier.

Carnet de croquis n°19, p.34-35

Constantin Meunier (1831-1905)

L'influence de Constantin Meunier est aussi certaine. Constantin Meunier s'impose avec plusieurs bronze, pour certains liés au projet de Monument au Travail que l'artiste ne put réaliser de son vivant mais qui dut élevé dans une version très différentes des esquisses originales, à Laeken, plus de vingt ans après la mort du sculpteur. 

Autres oeuvres inspirantes

Le lien de La Tribune en plein air avec la sculpture de son époque est indéniable. Portée par des convictions fouriéristes, l’œuvre se distingue aussi par une dimension picturale qui n’est sans doute pas étrangère au retentissement, en Italie, de la toile monumentale de Giuseppe Pellizza da Volpedo (Le Quatrième État, 1901), alors que Bouchard séjourne à Rome. Chez Pellizza, le peuple laborieux avance derrière un guide lumineux ; chez Bouchard, il se rassemble pour écouter la parole d’un syndicaliste.

Giuseppe Pellizza (1868-1907),  Il Quarto Stato [Le Quatrième État ou le Quart-État], 1901, Huile sur toile,  Milan, Museo del Novecento


 
Enfin, il n’est pas impossible qu’en composant sa frise de travailleurs, Bouchard se soit souvenu 
du Monument aux morts du Père-Lachaise, élevé par Albert Bartholomé (1848-1928) à Paris en 1899. 

Albert Bartholomé, Monument aux morts du Père-Lachaise, 1899, 69 x 14m



Le Bûcheron de la forêt de La Londe (1899 / édition en grès datée de 1906) de Paul Richer (1849
1933) et le Grand paysan (1898-1999) de Jules Dalou (1838-1902). 

Edition prestigieuse prouve le succès de la veine réaliste au tournant du siècle. Saisissante figures symbolisent la force et la noblesse du travail manuel et héroîsent une plastique et une esthétique prolétaires. 

Projets de Meunier et de Dalou exemples marquèrent jeune Henri Bouchard.